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EXTRABLATT: LEARNING FROM ARTEMISIA

L’artiste Uriel Orlow en dialogue avec Tali Serruya de foodculture days.

L’artiste Uriel Orlow en dialogue avec Tali Serruya de foodculture days, parle de son projet Learning from Artemesia. Dans Learning from Artemisia, l’artiste explore les relations de pouvoir à travers l’Artemisia Afra, une plante médicinale cultivée en RDC, utilisée pour le traitement du paludisme. Malgré son efficacité et sa simplicité prouvées, l’OMS ne recommande pas son utilisation, sous quelque forme que ce soit, y compris le thé. 

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Le projet Learning from Artemisia fut développé au Congo, à Lubumbashi et ses environs, à la suite de l’invitation que j’ai reçu de la Bien- nale de Lubumbashi, créée pour favoriser le dialogue entre la scène artistique locale et la scène artistique internationale. Le titre fait référence à une plante: l’Artemisia Afra.

J’étais invité à produire une nouvelle pièce sur place. Souvent, j’arrive après avoir fait des recherches générales du lieu mais sans forcément avoir une idée précise de ce sur quoi je vais travailler. Dès mon arrivé, j’ai commencé à parler avec des gens, à visiter des endroits et ce qui m’a le plus frappé – et qui est aussi l’une des choses les plus frappantes, les plus fortes dans l’histoire coloniale du Congo et dans son présent – c’est l’extraction des minéraux.

C’est l’un des pays du monde où l’extraction des minéraux est extrêmement forte depuis toujours, depuis la colonisation belge. Avant, c’était le cuivre. Aujourd’hui, ce sont des éléments pour les batteries de nos téléphones. Presque tous les téléphones et ordinateurs ont des minéraux provenant du Congo. C’est donc une histoire très violente.

Le projet est né un peu du hasard. Quelqu’un m’avait raconté qu’il avait eu la malaria la semaine d’avant, et qu’un ami à lui lui avait donné une tisane et que ça avait marché. C’est-à-dire, que les symptômes avaient disparu. J’ai donc suivi ce fil. J’ai contacté l’ami en question, qui est médecin dans un petit village à une heure de Lubumbashi. Là bas, l’accès aux soins n’est pas évident. Il voulait créer quelque chose qui allait aider les gens et qui allait leur permettre de gagner en autonomie et de s’entraider mutuellement.

Il avait entendu parler de cette plante, qui avait déjà fait l’objet de divers tests et qui était traditionnellement utilisée pour soigner la fièvres. Mais depuis quelques années, il n’y avait plus trop de recherches sur la question.

Il a donc commencé un projet avec une coopérative de femmes du village pour faire pousser l’Artemisia Afra et créer une tisane qui serait vendue à Lubumbashi. L’argent récolté permettait de créer une sorte de mutuelle de santé pour les femmes et leurs familles. Ce système m’a vachement intéressé.

J’ai commencé à faire des recherches et j’ai trouvé que c’était très compliqué. Ça fait déjà un bon moment qu’on sait que l’Artemisia Afra aide contre la malaria. Mais l’OMS est contre parce qu’il y a toute l’industrie pharmaceutique derrière, qui est contre. C’est un très grand business. Ça soulève aussi beaucoup de ques- tions en lien à l’extraction, au capitalisme extractiviste. Et là, on a fait presque une métaphore par rapport à cette extraction et les problèmes que ça pose.

J’ai donc commencé à travailler avec les femmes. On a créé un jardin. On a écrit une chanson avec les maris des femmes. Learning from Artemisia c’est ça, c’est une pièce qui voyage. Une lettre de là bas qui nous est adressée, parce que ça nous concerne, parce que ces questions-là concernent tout le monde.

L’OMS est contrôlée par des entreprises occidentales. Il y a des jeux de pouvoir. C’est une question politique. Donc, en tant qu’artiste, oui, je me mêle un peu à la politique. J’essaie de créer des œuvres qui vont peut-être créer une sorte de conscience des problèmes qui sont des problèmes politiques et qui rendent visibles des choses qui ne sont pas forcément visibles dans les médias. On n’en parle pas. La malaria, ça ne nous concerne pas trop. C’est en Afrique. C’est l’une des maladies qui n’est pas très étudiée. On voit très bien ce qui peut se passer avec une maladie qui est très étudiée, comme le COVID cette année: on peut trouver une solution et un vaccin très vite. Mais la malaria est l’une des maladies tropicales négligées. Parce qu’en fait, les occidentaux se sont retirés de l’Afrique et de leurs colonies, en Inde et ailleurs. Ça ne leur pose plus vraiment de problème.

L’usage donc de cette plante est d’une très grande actualité en même temps qu’il est complètement lié à une histoire coloniale.

 

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Read this piece in print in the extrablatt FOODCULTURE days, found in the issue 16 "Food Eats the Soul", out now!

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